REVUE INTERNATIONALE ANIMATION, TERRITOIRES ET PRATIQUES SOCIOCULTURELLES

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VIENT DE PARAITRE

La participation et l’animation : processus et finalités

Terme général recouvrant les différents moyens par lesquels les citoyens peuvent contribuer aux décisions politiques, la participation a pour première vertu la transparence. Applicable à des domaines variés, souvent liés à l’aménagement urbain ou à la gestion de l’environnement, elle doit allier la qualité des processus et la pertinence des finalités. Les articles réunis ici vous en offrent une série d’illustrations tant sur le plan des analyses que des expériences.

Analyses

Ce numéro débute avec l’article signé par Inés Gil-Jaurena, Sergio López-Ronda et Héctor Sánchez-Melero, « Investigación sobre espacios de participación ciudadana : análisis y propuestas desde una perspectiva educativa », qui examine, dans une perspective éducative, différents espaces de participation encadrant l’exercice de la citoyenneté active. Après l’élaboration d’une cartographie de ces espaces tant physiques et virtuels qu’institutionnels et sociaux dans la ville de Madrid (Espagne), les auteurs formulent des propositions pédagogiques formatives sur la participation en mettant à contribution les répondants du projet de recherche.

Constatant que l’évaluation a fait son entrée dans tous les champs professionnels, y compris celui du social, Ulrike Armbruster Elatifi, Joëlle Libois et Danièle Warynski s’interrrogent, dans leur texte intitulé « Pour une réappropriation de l’évaluation par la participation », sur les modalités d’application d’un tel processus dans le domaine de l’animation socioculturelle, qui s’enracine dans les valeurs démocratiques telles que la citoyenneté, la participation et le pouvoir d’agir. Afin d’y répondre, les auteures optent pour une approche qui ouvre la voie à la pluralité des points de vue des acteurs engagés dans un processus d’évaluation participative et les résultats d’une recherche-intervention favorisant la co-construction d’un outil de cueillette de données.

Anna Ciraso-Calí, Pilar Pineda-Herrero et Xavier Úcar-Martínez cherchent à comprendre le processus de responsabilisation individuelle et collective d’un groupe, composé d’évaluateurs universitaires, de techniciens locaux, d’animateurs socioculturels et de citoyens, impliqué dans un projet d’évaluation participatif réalisé à Badia del Vallès (Barcelone, Espagne). Les auteurs dégagent entre autres résultats de la démarche, dans leur article intitulé « From target group to actors of collective action : the empowerment process throughout a participatory evaluation project », que l’idée de participation, dans l’esprit des participants, a évolué d’une conception passive à une conception plus active.

Tentant de justifier l’utilité de l’animation socioculturelle comme méthodologie d’intervention socioéducative dans le domaine communautaire, dans la mesure où elle accroît le pouvoir d’agir des personnes participantes et le développement des communautés concernées, Pere Soler, Anna Planas et Héctor Núñez estiment, au terme d’une recherche intitulée « El reto del empoderamiento en la animación sociocultural : una propuesta de indicadores » ayant permis d’identifier les indicateurs clés, qu’elle permet en effet d’éviter ou de surmonter la résignation ainsi que de promouvoir des mécanismes de dépassement personnel et communautaire devant des situations de crise, de manque de ressources ou d’absence de vitalité sociale et culturelle.

Les projets de développement participatif doivent être conçus, selon Assane Diakhate, auteur du texte intitulé « L’animation rurale pour l’émancipation des populations : des perspectives pour le développement du Sénégal », à partir de leurs objectifs, de leurs contenus et des méthodes employées par les gouvernants pour impliquer les populations concernées. Or, au Sénégal, sous l’impulsion des partenaires, plusieurs projets sont réalisés sans consultation préalable et s’avèrent souvent inadaptées aux besoins et aux habitudes des populations locales. L’auteur propose ainsi de renouer avec la méthode d’animation rurale initiée par Mamadou Dia, chef du gouvernement sénégalais de 1958 à 1962, afin de pallier les échecs constatés.

Expériences

C’est à la suite d’une demande d’évaluation des ressources d’un système éducatif destiné aux élèves d’origine amérindienne du Lac Simon (Canada) que Lyne Legault a élaboré un parallèle entre les fonctions d’un animateur socioculturel et celles d’un chercheur qui utilise une approche de recherche-action. Son texte intitulé « Techniques d’animation et recherche-action dans le milieu éducatif québécois », propose l’idée d’un croisement professionnel autour de la figure de l’animateur-chercheur, particulièrement utile pour comprendre et agir dans une société en mutation.

Aïcha Boukrissa considère qu’il est urgent de construire avec les jeunes une culture de proximité dans les villes algériennes, qui soit ouverte au pluralisme et permette de stimuler la citoyenneté. Dans son texte intitulé « Les pratiques interactives d’animation socioculturelle auprès de la jeunesse urbaine en Algérie », elle appelle à une politique culturelle de la ville, proposant des projets artistiques novateurs, qui réponde aux aspirations des jeunes, parfois attirés par des pratiques socioculturelles défiantes, et consolide le tissu urbain, qui gagnerait à accueillir plus d’institutions culturelles.

Hors-thème

Dans leur article intitulé « Palancas movilizadoras en la creación de modelos de acción y estructuras formativas en los ámbitos de la acción social y la animación sociocultural dentro del estado español », Susana Lanaspa et Fernando Curto dressent une histoire de l’intervention socioculturelle en Espagne, de l’action religieuse charitable aux politiques publiques. Il leur apparaît toutefois essentiel de distinguer, sur le plan des leviers de développement que procurent l’intervention sociale et l’animation socioculturelle, les champs de compétences et les cadres professionnels respectifs.

Pierre Pérot développe une analyse de la dynamique entourant une concertation organisée par la communauté d’agglomération de Niort (Poitou-Charentes, France), sur l’exercice de sa compétence culturelle. Dans son essai intitulé « Indétermination des conduites sociales, animation et action collective », il identifie les contradictions, les tensions et les repositionnements révélés à cette occasion par les divers acteurs présents. La réflexion proposée consiste à voir comment les acteurs culturels sont eux aussi gagnés, quoique de façons différentes, par cette indétermination.

Enfin, dans son article intitulé « Médiation culturelle au musée : essai de théorisation d’un champ d’intervention professionnelle en pleine émergence », Maryse Paquin s’intéresse à l’adaptation des pratiques de médiation culturelle en contexte muséal en distinguant leurs fondements théoriques et conceptuels respectifs notamment à partir des cursus universitaires nouvellement créés, prélude à la professionnalisation du métier de médiateur muséal.

Le prochain numéro de la Revue, diffusé à l’automne 2015, aura pour thème « Animer des populations de toutes les générations ». La date de tombée pour soumettre un article ou un compte rendu pour ce numéro est le 25 septembre 2015 (voir consignes : www.atps.uqam.ca/auteurs_fr.php). Nous acceptons également en tout temps des textes à paraître dans la section hors thème.

Bonne lecture !

Jean-Marie Lafortune (UQAM) et André Antoniadis (EESP-Lausanne), rédacteurs
 

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